Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les aiguilliers

Les aiguilliers et aiguilletiers, petites communautés du Moyen Age, ne survécurent pas aux très fortes taxes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles

 

Au départ un ensemble de petites communautés au Moyen Age. 

Aiguilliers, aléniers, chaînetiers ! Ces ouvriers en métaux vivaient en petites communautés indépendantes et libres au Moyen Age. Cette liberté impliquait la gratuité de ces métiers. 

Aussi, aucun statut pour cette époque pour ces métiers qui revendiquaient leurs productions mais vivaient distinctes des corporations parisiennes. 

C’est également étonnant de remarquer que les aiguilles n’étaient que peu présentes dans les comptes médiévaux. Ce n’est pas le cas des épingles. En effet, les épingliers formaient une profession importante et puissante dans le Paris médiéval.

A noter que les alènes, produites par les aléniers, étaient des grosses aiguilles en acier, de forme droite ou courbée, qui étaient utilisées par les cordonniers, les selliers et les travailleurs du cuir. 

 

Tous ces ouvriers en métaux vendaient leurs aiguilles aux merciers qui se chargeaient de leur commercialisation plus largement. 

 

Les aiguilletiers une petite corporation à la mode au Moyen Age.

Les aiguilliers n’étaient pas organisés en corporation comme nous l’avons vu au Moyen Age. Toutefois, ce n’était pas les cas des aiguilletiers.

Les aiguillettes étaient des morceaux de tresses ou de tissu, ferré par les deux bouts et qui servaient à attacher harnais de guerre. Dans certains cas, elles pouvaient être de cuir.  Progressivement, elles se complexifièrent et s’ornèrent de rubans, petits cordons pour décorer les uniformes. 

Aussi, les aiguilletiers, fournissant l’aristocratie d’alors, étaient en pleine mode au XIVe siècle. Ils obtinrent leurs statuts en 1397 qui donnèrent protection pour les 30 maîtres d’alors. Ceux-ci disposaient de privilèges dans la production des aiguillettes en fil, en soie, en cuir, ainsi que les accessoires de métal de laiton, de fer…

La confrérie des aiguilliers se réunissait dans l’église Saint Eustache. Elle s’était placée sous le patronage de Saint Louis

 

La naissance de la corporation jurée des aiguilliers au XVIe siècle

La gratuité et la liberté de communautés professionnelles prennent souvent fin lorsque l’Etat cherche de l’argent. Aussi, les évolutions des taxes au XVIe siècle change la donne pour ces petites communautés. 

Henri II donne en 1557 les premiers statuts aux aiguilliers aléniers

  • 4 ans d’apprentissage, 
  • maîtrise de 20 sols au roi et aux jurés, 
  • 2 jurés,
  • privilège pour l’accès à la maîtrise pour les veuves et les fils de maîtres…

Manifestement, l’élection des jurés posait des problèmes pour ces ouvriers ayant connu une longue tradition de la liberté. Aussi, 2 arrêts furent nécessaires pour organiser leurs modalités pratiques : 1559 et 1576.

 

Ensuite, Henri IV revu légèrement les statuts  en 1599 en les durcissant : 

  • 5 ans d’apprentissage,
  • maîtrise à 20 sols pour le roi et 30 sols pour les jurés, 
  • 4 jurés, 
  • interdiction de vendre des aiguilles sans marque déposée au Châtelet. 

Toutefois, malgré la diversité des aiguilles produites dans le Paris du XVIIIe siècle, la communauté dut rejoindre les épingliers en 1695. En effet, difficile pour juste 5 maîtres de régler les nouvelles taxes. 

 

De leur côté, les aiguilletiers traversèrent les taxes du début du XVIIIe siècle

En effet, ce métier était un peu plus en forme que les aiguilliers. Aussi, ils s’acquittèrent des unions des offices de 1700.

Toutefois, celles de 1750 furent plus difficiles. La concurrence des passementiers boutonniers devint dure et le contrôle par les merciers trop puissant. Aussi, cette profession rejoignit en 1762 les épingliers également. 

 

Sources bibliographiques :