L’accueil des enfants abandonnés par le chapitre Notre Dame
L’accueil des enfants abandonnés par le chapitre Notre Dame : une prise en charge difficile avec très peu de moyens.
Comme on l’imagine, la cathédrale était bien sûr le siège de l’évêque de Paris. Toutefois, la gestion de l’église, l’animation de ses célébrations n’étaient pas à sa charge. En effet, c’était le rôle du Chapitre Notre Dame, composé par un ensemble de prêtres, les chanoines.
Outre le service religieux, ils se chargeaient d’une autre tâche : recueillir les enfants abandonnés, notamment dans leurs tous premiers jours.
Avec Christian De la Hubaudière, auteur d’Au Sein de Paris, publié en 2016, nous revenons sur ces tristes histoires.
L’abandon devant Saint-Jean-le-Rond
Juste à coté de Notre-Dame de Paris, se dressait une petite église : Saint-Jean-le-Rond. A l’origine elle accueillait le baptistère du diocèse. En effet, lors des premiers siècles de christianisation de la France, seuls les évêques avaient le droit de baptiser. On réservait un lieu près de l’église cathédrale pour ces cérémonies.
Saint-Jean-le-Rond fut maintenu, puis détruit en 1748.
De temps à autre, il arrivait qu’un enfant y soit laissé pour être pris en charge. Cette histoire est mise en avant dans Notre-Dame de Paris par Victor Hugo, relatant la récupération par Frollo du jeune Quasimodo.
Le célèbre roman reprend donc une part de réalité, mais les abandons d’enfants et la prise en charge par le chapitre pouvaient être aussi beaucoup plus triviaux.
L’accueil des enfants abandonnés
Si diverses fondations organisent l’accueil d’enfants victimes de la défaillance de leurs parents connus, vu la fréquence des cas, il reste quand même à gérer une autre catégorie : les nouveau-nés exposés anonymement, donc sans aucun parent. C’est plus compliqué car, contrairement aux plus âgés, il faut leur trouver une nourrice.
L’édit de 1556 d’Henri II, promettant la mort à la fille-mère commettant l’infanticide, rend les cas d’enfants exposés moins rares. Lorsque l’on découvre ces « enfants trouvés » à Paris, ils sont confiés au chapitre Notre-Dame qui les place par défaut dans l’asile du Port-l’Evêque sous François Ier, puis près du Port Saint-Landry à partir de 1571. C’est une « maison destinée pour les norrir et allaicter, qui est auprès la maison épiscopale et fait le bas d’une ruelle descendante à la rivière », près de la rue d’Enfer, en la Cité.
La difficile prise en charge
Quelques femmes se chargent de l’entretien mais ne peuvent compter que sur les aumônes, reçues en exposant les petits dans le berceau de Notre-Dame pendant la messe, pour apitoyer les bourgeois.
Cependant l’accueil peu adapté entraîne une forte mortalité et quand les survivants peuvent sortir, ils vivent de la charité publique ; sans aucune formation, ils ne peuvent s’insérer dans la société et abondent la Cour des Miracles à l’âge adulte.