Les accidents dus au dégel de 1880
Les accidents dus au dégel de 1880 : gare au risque d’inondation et d’explosion lors de la fonte de la glace.
32 jours à moins 10°C ! Tel avait été le mois de décembre 1879. Il était temps que cela cesse. Les organismes des parisiens étaient bien éprouvés. Le charbon commençait à être difficile à faire parvenir en ville.
Aussi, les parisiens furent bien contents que les températures retournent dans des territoires positifs.
Cependant, cela ne se fut pas sans péril et sans accident, ainsi que nous allons vous le présenter dans les prochaines lignes.
Avec le dégel, un risque d’inondation dans les maisons
Du fait de la dureté du froid, de nombreuses canalisations s’étaient retrouvées bouchées. Aussi, avec le dégel, ces bouchons disparaissaient mais pas toujours dans l’ordre le meilleur.
Le Petit Journal du 31 décembre 1879 signale quelques soucis dans ce contexte :
« De véritables inondations se sont produites, pendant la nuit dernière, dans les maisons où les ménagères, ignorant le dégel, n’avaient pas eu la précaution de boucher le trou de l’évier. Les eaux des toits descendant par les tuyaux encore gelés ; à leur base, se sont déversées par les trous d’évier, aux étages supérieurs. »
Ainsi, on pouvait se retrouver inondé, y compris dans les étages hauts. L’eau qui ressortait souvent n’était pas des plus propres et cela posait bien évidemment des soucis d’hygiène.
Un risque d’inondation dans les rues
Continuons avec les inondations. Cette fois-ci, nous sommes sur le plancher des vaches. Pendant un mois, la neige s’était accumulée et présentait des véritables risques :
« Les tas de neige, qui sont tellement tassés qu’ils résistent encore au dégel, seront poussés dans les égouts au fur et à mesure de leur fonte. Il s’agit, non seulement d’assurer la libre circulation des rues, mais encore d’épargner aux boutiques, surtout celles qui se trouvent au bas de rues en pente, les inondations dont elles sont menacées. »
Attention aux toits
En marchant dans les rues, il valait aussi faire bien attention aux hauteurs. Circuler n’était pas des plus simples : se protéger de la boue dévalant les chaussées, vérifier qu’aucun morceau de glace ne pourrait tomber des toits.
« Une mesure de précaution : Les propriétaires, et à leur défaut la police, feront bien de faire débarrasser les toits des glaçons qui y sont encore accumulés et qui ne peuvent être atteints par le dégel sans être précipités à terre, au risque de tuer les passants. »
Ainsi que le rapporte le Petit Parisien du 1er janvier, le changement de température pu aussi endommager des installations en hauteur
« Depuis le commencement des neiges, on avait négligé de les retirer d’une toiture vitrée recouvrant la cour de la maison, n° 24, rue Sainte Croix.
Elles s’y étaient amoncelées et, sous l’influence du dégel, ce vitrage s’est effondré entaillant tout ce qu’il rencontrait dans sa chute.
Fort heureusement, il ne restait que deux ouvriers dans la cour. Ils ont été grièvement blessés. L’une de ces victimes, le sieur Gallor a été atteint à la tête ; son état inspire de sérieuses inquiétudes. »
Attention au retour du gaz
Lors de ce difficile épisode glacial, le gaz n’arrivait plus dans les bruleurs. De nombreux compteurs s’étaient retrouvés gelés, empêchant tout approvisionnement. Aussi, le dégel impliqua pour ceux-ci un retour à la normal, qui ne fut pas sans risque, comme nous avons pu le lire dans le Petit Journal du 31 décembre 1879
« Rue Mazarine, hier matin, une forte explosion de gaz s’est produite dans le restaurant au n° 50 est en vérifiant si le compteur était dégelé qu’un garçon a approché trop près une lumière. La devanture a volé en éclats et la lanterne placée à extérieur a été projetée à une grande distance, heureusement personne ne passait en ce moment devant ce restaurant. Seul, le garçon, auteur de l’accident, a été contusionné et légèrement brûlé. Les pompiers, accourus aussitôt, ont mis à découvert la conduite de gaz pour prévenir de nouvelles fuites, et, par cela môme, éviter un nouvel accident »