Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'art

Abraham Bosse

Abraham Bosse, génie parisien de la gravure à l’eau forte du XVIIe siècle très souvent dans les livres d’histoires

 

Protestant, né à Tours en 1604, Abraham Bosse est un des graveurs parisiens les plus célèbres du règne de Louis XIII. En effet, il laisse à sa mort en 1676 une oeuvre très prolixe mais surtout très précise de la vie quotidienne de son temps.

 

Les gravures de la vie quotidienne par Abraham Bosse

Auteur d’une grande série de métiers, le graveur réalisa souvent pour illustrer des livres des estampes à l’eau forte mettant en valeur la vie quotidienne. La composition de ces gravures étaient très  travaillée. Frappant de voir les habits de l’époque reproduits avec beaucoup de soin (le graveur réalisa une série également sur les courtisans en s’attardant sur les recommandations d’alors) !

Ainsi, en parcourant son livre Le Jardin de la noblesse française publié en 1629, le gentilhomme arrivant à Paris se renseignait alors sur ce qu’il fallait porter auprès du roi.

 

Sur Paris, Abraham Bosse réalisa également quelques représentations fortes : les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, mais aussi le théâtre de Taburin, dont on dit qu’il inspira Molière mais aussi des hôpitaux (repris dans sa série sur les œuvres de miséricordes).

Dans la galerie du Palais, il montre un espace marchand, très en vogue en ce début de XVIIe siècle, dans l’Ile de la Cité, à proximité du Palais de Justice. On y voit trois boutiques : une lingerie, une mercerie et une librairie. La lingère se lamente et n’a aucun client. Le mercier montre des éventail Enfin, la libraire présente à un noble un livre nouveau.

La Galerie du Palais par Abraham Bosse
La Galerie du Palais par Abraham Bosse – Crédit BNF

 

Bien évidemment, la ville sert de décor aux nombreuses estampes du graveur : d’abord l’extérieur avec la rue, les monuments avec les séries que nous venons d’évoquer mais aussi les jardins, les intérieurs des maisons avec celles allégoriques (âges de la vie, quatre saison, quatre sens…)

 

Retour sur la carrière d’un grand graveur

C’est à Tours qu’Abraham Bosse naît en 1604. Son père, Louis Bosse, était maître tailleurs d’habits et était protestant. Le futur graveur grandit dans une ville marquée par une activité artistique importante depuis la Renaissance. Les éditeurs de livres reprenaient alors de nombreuses estampes dans leurs publications. Aussi, il put alors acquérir les premières bases.

Ce sera à Paris, qu’il reçu sa formation. Il fit son apprentissage chez Melchior Tavernier, installé sur la pointe de l’Ile de la Cité, à proximité de la nouvelle Place Dauphine.

En 1629, il rencontre l’artiste lorrain Jacques Callot, qui réalisera une magnifique estampe du pont neuf. Il enrichit avec lui ses techniques de l’eau forte.

Bien qu’établi à Paris, il garda des liens forts avec sa ville d’origine. Il y épousa en 1632 Catherine Sarrabat dont il était proche de deux frères, tourangeaux, arrivés avec lui dans la capitale, l’un horloger, l’autre graveur en métaux et pierre. C’est également à cette période que l’artiste réalisa une série sur le mariage (à la ville, à la campagne…).

En 1633, il rebondit sur la nouvelle réglementation royale concernant les vêtements. Louis XIII souhaite alors lutter contre les signes de luxes extérieurs. Aussi, il était alors interdit de  porter aucune “découpure et broderie de fils d’or et d’argent, passements, dentelles, points coupés” sur les chemises, manchettes et coiffes. Le graveur fit alors plusieurs estampes montrant les nobles de son temps obéissants à leur souverain, tout en les montrant, tristes, ordonnant à leurs laquais d’emporter les anciens vêtements, devenus trop riches…

A cette période, l’artiste réalisa des gravures montrant le roi à la guerre, entrant dans la ville de Casal, dans le  Piémont. Cette dernière faisait l’objet de revendications des espagnols qui après la mort sans descendant du duc de Mantoue l’assiégèrent. Toutefois, l’armée française, au prétexte que le duc de Nevers était l’héritier légitime, se rendit sur place, victorieusement.

Bosse utilisa de nouveau les événements de cette année 1633 pour ses œuvres : Louis XIII fit alors une large promotion dans l’ordre du Saint Esprit, où il était grand maître. La cérémonie qui se tint à Fontainebleau fut marqué par la nomination de 44 chevaliers.

 

Bien que d’origine protestante, Abraham Bosse réalisa de nombreuses gravures religieuses. Bien évidemment depuis l’origine des estampes, c’est l’art religieux qui était de lui le plus prégnant. Répondant aux exigences de son temps, il exécuta des représentations inspirée par la contre réforme : saints, ancien testament…. Reprenant des thèmes classiques (vierges folles, mauvais riche…), il habillait ses personnages selon les habitudes de son temps et travaillaient la composition. Toutefois calviniste convaincu, il accentue les représentations du vice et du péché.

 

A partir de 1641, il commence à fréquenter le géomètre lyonnais Girard Desargues, qui enseignaient ses recherches sur la perspective. Rapidement, Abraham Bosse commence à vulgariser ces théories et publie en 1643 : La manière universelle de M. Desargues, Lyonnais, pour poser l’essieu et placer les heures et autres choses aux cadrans au soleil, ainsi que  La pratique du trait  à preuves de M. Desargues, Lyonnais, pour la coupe des pierres en architectures. Il complétera son oeuvre littéraire par plusieurs traités sur la perspective. 

Par ses gravures et ses traités, il obtint une véritable reconnaissance, ce qui fait qu‘il est choisi pour enseigner la gravure et la perspective lors de la  création par le cardinal Mazarin de la toute nouvelle Académie royale de peinture en 1648. Toutefois, progressivement il entre en conflit avec Charles Le Brun et doit quitter l’Académie royale en 1661. Il tente alors de fonder son école mais doit la fermer en 1662 sur ordre royal. Louis XIV est au pouvoir dorénavant et le temps de Louis XIII est loin maintenant. 

 

Il meurt en 1676 à l’âge de 72 ans. A cette date, Le Brun régnait dans les arts français. La lutte des générations était passé par la. Pour l’ancien maître, l’art devait être naturel et technique alors que le successeur recherchait la beauté idéale.

 

Sources bibliographiques :