A la redingote grise
A la redingote grise : magasin pour hommes présenté comme un champion de la sécurité contre le vol à la tire.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un magasin était établi à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue Saint Denis, côté impair. En effet, ici au 45 rue de Rivoli, on vendait sous l’enseigne A la Redingote grise.
Un système breveté contre les vols à la tire
« Plus de vols ! Plus de pertes ! Sûreté des poches s’adaptant à toutes espèces de vêtements.
Le propriétaire des magasins de la redingote grise, 45, rue de Rivoli, connu si avantageusement pour le bon marché et l’élégance de ses vêtements, est le seul qui ait obtenu un brevet s.g.d.g., une médaille d’or et une médaille de première classe pour ses perfectionnements et par son nouveau système. »
Ainsi, la publicité annonçait un mode de protection contre les vols dans les poches.
L’accident de la redingote grise
Début mars 1868, Paris fut pris soudainement d’un grand coup de vent. On constata de nombreuses infortunes dans le centre de la capitale. Ainsi, de nombreux magasins de jardin sur le quai de la Mégisserie eurent de grands dégâts, tandis qu’un chiffonnier tomba dans la fontaine du Palmier au milieu de la place du Châtelet.
La Redingote grise fut elle aussi touchée par le sinistre. En effet, une cheminée du magasin tomba au sol… juste après que soit passée la garde nationale rejoignant l’Hôtel de Ville.
Moment critique lors de la Commune de Paris
Les propriétaires du magasin eurent bien chaud lors de la Commune de Paris. En effet, certains communards trouvaient que son nom renvoyait beaucoup trop à Napoléon, le rendant suspect. Aussi, on lui changea temporairement son nom pour devenir : à la redingote.
Quelques mois, le magasin fut également appelé ‘Au pont au change’. En tout état de cause, on y trouvait des habits pour hommes et enfants… tout en insistant sur les récompenses qu’il avait obtenu par le passé. C’est alors l’occasion pour faire de la publicité dans des journaux de différentes régions françaises.
Puis, les mois passèrent et le nom ‘A la redingote grise revint’.
La communication de la Redingote grise
De plus petits moyens que ses grands voisins de la rue de Rivoli, la Redingote grise essayait de communiquer comme elle pouvait. Aussi, elle choisissait des petits encarts dans la presse, mettant en avant son symbole distinctif. Il s’agissait d’une redingote comme on peut l’imaginer. Tout en rappelant l’adresse, l’encart insistait sur des vêtements pour hommes et enfants, avec quelques accroches de prix.
La recommandation par la presse était aussi utilisée. Ainsi, le Petit Journal écrivit le 24 février 1872, « Nous recommandons tout particulièrement à nos lecteurs la Maison de la Redingote grise, 45, rue de Rivoli.
Cette importante maison vient de mettre en vente un choix considérable de vêtements d’enfants haute nouveauté depuis 15 francs à 20 francs. »
Le Tintamarre publia lui le 26 octobre 1873 : « Le seul des tailleurs parisiens qui ait obtenu la grande médaille à la dernière exposition pour l’élégance de sa coupe, la solidité et le bon marché de ses vêtements, est la redingote grise, 45, rue de Rivoli ».
Puis les encarts se firent plus petits avec juste le nom du produit et son prix : « Pantalon. Haute nouveauté garanti Elbeuf. 17 francs 50. A la Redingote grise, 45, rue de Rivoli. »
La fin du magasin
« Née en 1854, elle a vécu !!!
La maison de la Redingote grise, 45, rue de Rivoli, la plus vieille et la plus connue de tout Paris, disparait après une existence bien remplie.
Par suite de fin de bail, l’administrateur de ce grand établissement a résolu de faire une grande liquidation. »
Voici l’annonce publiée dans la Cocarde du 13 avril 1889. Mais par cette communication, il s’agit de faire d’ultimes affaires.
« Des experts, nommés à cet effet, ont décidé de faire un rabais de 65 % sur toutes les marchandises existants au magasin. »
Sources bibliographiques :
- La Presse du 11 novembre 1860
- L’Univers du 13 mars 1868
- Le Gaulois du 7 septembre 1870
- Le Journal de la Ville de Saint Quentin et de l’arrondissement du 23 juillet 1871
- Le Progrès de la Côte d’Or du 24 juillet 1871
- Le Journal Amusant du 4 novembre 1871
- Le journal Amusant du 9 décembre 1871
- Le Petit Journal du 24 février 1872
- Le Petit Journal du 24 mars 1872
- Le journal amusant du 29 juin 1872
- Le Soleil du 17 avril 1873
- Le Tintamarre du 26 octobre 1873
- Le Rappel du 27 décembre 1873
- Le XIXe siècle du 5 mars 1874
- Le Siècle du 30 mai 1874
- Le Petit Journal du 26 juin 1874
- La Presse du 8 novembre 1874
- La Cocarde du 13 avril 1889