Histoires de Paris

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Histoires d'immeubles

La fondation du collège d’Harcourt en 1280

La fondation du collège d’Harcourt en 1280 visait à offrir un logement décent aux écoliers venus de Normandie.

 

Le collège d’Harcourt fait partie des grandes institutions de l’Université de Paris au Moyen Age. Il subsista jusqu’à la Révolution. Il fut remplacé au XIXe siècle par le Lycée Saint Louis, sur le boulevard Saint Michel.

Découvrons sa fondation !

Œuvre de Raoul et Robert d’Harcourt pour aider les pauvres écoliers

C’est afin de « venir en aide aux pauvres écoliers de l’Université de Paris », comme le dit l’évêque de Mende, Henri Louis Bouquet, que le collège d’Harcourt fut fondé en 1280. Il reprit le nom de son fondateur, Raoul d’Harcourt. Le frère de ce dernier, Robert, poursuivit son œuvre. Ainsi, en 1311, le collège d’Harcourt est achevé.

 

Les Harcourt, une très grande famille normande.

Les d’Harcourt étaient une grande famille de la noblesse normande. On ne compte plus ses éminents représentants au cours de l’histoire de France sous la monarchie : cardinaux, évêques, maréchaux, ministres, diplomates… La famille eut une des plus importantes bases dans l’Eure, près de Brionne.

Le père de Raoul et Robert, Jean d’Harcourt participa aux croisades, à côté de Saint Louis. Dans son fief, le baron installa le prieuré de Notre Dame du parc, confié à des religieux de Saint Augustin du Val des écoliers. C’est naturellement que Raoul s’inscrivit dans la suite de son père. Les religieux étaient en effet des maîtres en théologie de l’Université de Paris.

 

Raoul et Robert d’Harcourt, anciens élèves de l’Université de Paris devenus prélats

Henri Louis Bouquet raconte que Raoul et Robert d’Harcourt étaient davantage intéressés par la vie religieuse. De ce fait, ils rejoignirent Paris et sa grande Université aux alentours de 1260. Ils s’installèrent dans un hôtel de la famille. C’est alors, en prenant leurs cours, qu’ils constatèrent la misère autour d’eux.

Ils revinrent ensuite en Normandie, après un titre de maître. Vers 1270, ils furent ordonnés prêtres par l’évêque d’Evreux. Cependant, après plusieurs années en Normandie, Raoul d’Harcourt revient à Paris pour entrer dans le chapitre de Notre Dame. Il est même appelé pour devenir l’aumônier d’un fils de France, Charles de Valois, avant de conseiller le roi, Philippe le Bel.

Le lancement de l’aventure avec l’achat de la maison rue de la Harpe, par Raoul d’Harcourt

A proximité d’un autre collège normand, le collège des Trésoriers, Raoul d’Harcourt acquis quelques maisons situées alors sur la rue de la Harpe, non loin de la place de la Sorbonne, en 1280. Il les destina aussitôt pour l’accueil de pauvres étudiants.

Une seule condition pour l’accueil : être originaire des quatre diocèses normands : Coutances, Evreux, Bayeux et Rouen.

Le prêtre se chargea de la direction de son œuvre jusqu’à sa mort, en 1307.

 

La poursuite par Robert d’Harcourt avec l’agrandissement et l’achat de nouvelles maisons pour accueillir les étudiants.

Après la mort de Raoul, le collège d’Harcourt fut repris par Robert d’Harcourt.

Lui aussi était membre influent du Palais. Il avait, en effet, été nommé clerc du conseil du roi, Philippe le Hardi, depuis 1285. Ensuite, il devint Evêque de Coutances. Son influence politique se poursuivit  à la toute fin du XIIIe siècle, dans le conseil du roi Philippe le Bel. Dans ce cadre, il participa aux disputes entre le roi de France et le pape Boniface VIII.

Sous la direction de Robert, le collège d’Harcourt s’agrandit. En effet, le prélat acheta des bâtiments en face de ceux de son frère Raoul, rue Saint Côme ou de la Harpe. Ces maisons appartenaient jusqu’alors à l’Hôtel d’Avranches, propriété des chapelains de l’église d’Avranches. Elles étaient sur le terrain occupé aujourd’hui par le Lycée Saint Louis.

Dans ce nouvel ensemble, Robert d’Harcourt installa les deux communautés de boursiers théologiens et artiens. Les grammairiens furent laissés dans la première maison de Raoul.

 

En 1311, la fondation du collège d’Harcourt fut achevée. A cette date, il accueillait alors 28 étudiants dans les arts, 12 en théologie…

 

L’organisation de l’autonomie d’une nouvelle institution

En 1312, Robert d’Harcourt obtint l’autorisation du versement d’une rente par la prévôté de Caen pour le maintien de son institution.

Cette même  année, ensuite,  l’établissement fut reconnu par l’évêque de Paris.

Enfin pour obtenir l’assentiment royal définitivement, il fit ériger une chapelle dédiée à Notre Dame et à Saint Louis. Il fallut cependant l’intervention du pape, Clément V pour réfréner les demandes du curé de Saint Hilaire qui exigeait dans sa paroisse les étudiants du collège.

Ainsi, à sa mort en 1315, Robert d’Harcourt avait donné une autonomie financière, religieuse et politique pour son institution. La pérennité de l’œuvre était donc assurée.

 

Sources bibliographiques :